La vie, à quoi ça sert ?
Addiction aux écrans : comment moins polluer?
Au risque de jouer les Captain Obvious, un des avantages de réduire l’addiction aux écrans c’est réduire la pollution. Les créateurs de réseaux sociaux ont tout fait pour rendre notre expérience utilisateur aussi agréable que possible pour générer en nous un maximum d’émotions ambigües.
Dopamine
L’addiction aux écrans n’est rien d’autre que ce shot de dopamine en allant voir messages et/ou contenus. C’est la recherche de la nouveauté, avec une pointe de peur de manquer (le scoop). Et de comparaison.
Une seconde, deux secondes… Deux heures (!!)
Nous passons en moyenne jusqu’à quatre heures par jour rien que sur nos smartphones. Ceux qui sont moins téléphone font pareil avec la télévision ou l’ordinateur. Et on oublie souvent le coût réel impliqué pour que s’affiche la photo du plat de ton voisin sur ton écran. D’abord, cela nécessite un appareil allumé sur batterie ou sur secteur : c’est une consommation d’électricité et de matériaux rares très polluants à extraire. Puis, la connexion à divers réseaux (mobile ou internet) qui émet des signaux en continu et doit donc communiquer non stop avec des serveurs à l’autre bout du monde. Et surtout, le traçage de tous tes mouvements en ligne est stocké dans des bases de données dont le maintien consomme énormément d’énergie 24h/24.
Les bienfaits de décrocher
Je ne suis pas partisane du tout arrêter. Parfois, le pic de dopamine aide à passer un moment stressant. Si tu es en fragilité mentale, décrocher dans la seconde de ton téléphone n’est peut-être pas une très bonne idée.
Mais si tu peux réduire progressivement, tu progresses face à l’habituation qui te fait du mal à toi et à ta planète, qui est un processus perdant-perdant. Pas besoin non plus de vivre en ermite pour consommer de l’information de manière responsable.
Petites actions qui peuvent aider
- Créer un nombre délimité de créneaux où tu vas voir les infos et réseaux sociaux (1, 3, 5 ou 10) avec des horaires précis pour créer une routine.
- Changer le déclencheur de l’ennui : trouve autre chose à faire que de regarder ton téléphone quand tu ne sais pas quoi faire (respirer, dessiner, ranger, dessiner mentalement ta préparation du repas de ce soir).
- Te dire que dès que tu regardes un truc « vite fait » sur ton téléphone, tu pollues de façon irréversible. C’est un peu culpabilisant dit comme cela (je suis la première à m’en vouloir) mais c’est un fait. Parce que la trace numérique laissée par ton passage sur Facebook est horodatée et reste à vie sur les serveurs qui doivent consommer un peu d’électricité pour noter ad vitam aeternam que tu es passé liker la photo du chien de Gisèle telle date à telle heure (effacer ton historique de navigation n’y changera rien).
- Prends l’habitude chaque jour de te rendre satisfait de toi en n’ayant PAS touché à ton écran alors que tu étais sur le point de le faire par réflexe. Et ne gaspille pas ta précieuse énergie métabolique à te blâmer si tu as échoué, tu feras mieux la prochaine fois. N’oublie pas que ton adversaire GAFA est redoutable pour te faire reprendre tes habitudes de scrolling.
- Reviens un chouïa au papier. Même si ton métier passe beaucoup par les écrans, tu devrais pouvoir trouver des occasions de le faire. Cela ralentit ton cerveau qui processe énormément de contenu à cause de l’addiction et l’aide à mieux structurer sa réflexion sur les tâches à suivre.
- De temps en temps, désinstalle les apps sur lesquelles tu passes trop de temps.
- Allume ton écran avec une idée précise de l’utilisation que tu es sur le point d’avoir. Fais ton truc et uniquement cela, puis éteins tout.
- Trouve un truc pour revenir dans ton corps régulièrement, la navigation met très vite dans la lune.
- Liste les activités qui ne consomment pas d’énergie et qui te plaisent, et augmente progressivement le temps que tu y consacres.
- Apprends à aimer le silence et le noir. Eteins tout et observe avec curiosité tes ressentis et émotions. Au début, cela peut être très désagréable. A faire plusieurs fois pour constater l’évolution.
Conclusion
Nous sommes de plus en plus nombreux à chercher comment réduire notre consommation, vivre plus sainement, produire moins de déchets. Et ce serait dommage de (littéralement) ruiner ces efforts à cause du génie des neuromarketeurs de Facebook et Netflix.
La tendance va quand même doucement vers moins d’écran (enfin allait avant les confinements). La voie du milieu dirait: réduire chaque jour l’addiction d’une petite minute, jusqu’à redevenir maître de l’écran et non plus esclave. Oui, même en cette période d’activités sociales en suspens. C’est possible. Et au passage, la santé s’améliore. C’est mathématique.